Friday, 23 June 2017

Civilisé nouveau recueil à paraître de Walter Ruhlmann

Painting by Norman J. Olson


J'ai écrit les premiers textes du recueil civilisé en 2005 sans savoir à l'époque qu'ils  seraient réunis dans ce recueil. Entre 2011 et 2015, je n'ai quasiment écrit qu'en anglais et ai publié 5 recueils en anglais toujours disponibles (Maore, From Mayotte [Lapwing Publishing], Carmine Carnival [Lazarus Media], Twelve Times Thirteen [Barometric Pressure -- Kind of A Hurricane Press], The Loss [Flutter Press] et Crossing Puddles [Robocup Press] tous écrits entre 2011 et 2014 et publiés en deux ans) et deux en français (Etranges anges anglais et Post Mayotte Trauma [mgv2>publishing] toujours disponibles)

Il m'a fallu faire pause et je n'ai pour ainsi dire rien publié et encore moins écrit depuis la fin de l'année 2015 jusqu'à maintenant. (Je viens juste de proposer quelques textes à des revues américaines dont un poème écrit ce mois-ci que je couvais depuis près d'un an).
Civilisé, renoue avec la noirceur des débuts, un style plus directs, des images aussi fortes que dans Les chants du malaise mais avec vingt ans de plus de maturité.

J'ai choisi une toile de mon ami Norman J. Olson avec lequel j'ai collaboré longtemps pour la revue mgversion2>datura et les éditions mgv2>publishing, qui en dit long et qui fait écho à l'état d'esprit dans lequel ces poèmes ont été écrits.

Un homme ventru, vieillissant, nu, plutôt déprimé, pâle, à terre, mais pas encore terrassé, toujours homme, ou viril si l'on veut.

Ce recueil sera disponible le 1er juillet. 7€ frais de port inclus. Pour plus de détails me demander par mail wruhlmann@gmail.com


Extraits

Nous évoluons dans un milieu septique


Il y a des moutons à cinq pattes et des cochons volants
en Angleterre.
Il y des poules avec des dents, des casses pieds, des entêtes, furieuses d'avoir été laissées tomber.
Elles sombrent dans les pieds de page sans fond, aux instincts glauques,
dans les instants trompeurs aux intestins fragiles.

La crasse balaie nos rayons bleus,
elle annihile l'espoir riant,
la coupe est pleine, elle se déverse en jus infâme autour des canapés brûlés.

J'écrase les mégots dans des tasses de thé,
je sens le gaz souffler à mes narines,
un air marin de pacotille.

Le ciel gris sur les monts enneigés,
neiges éternelles salies par les scories mentales des touristes cramoisis.

Fais-toi mouton de Panurge, gant de velours autour d'une main de fer,
fais-moi chavirer dans la pénombre des entrailles de la Terre.
Le soleil broie le corps émacié du corbeau,
il rôtira ce soir sur la grille de mon barbecue.

*****

Tu pues sapiens


Fallait-il cet objet flasque et moite,
impossible à toucher sans qu'il crève,
impossible à saisir sans qu'il glisse ?

Manquer de croire encore et, souvent,
imaginer l'éponge – la conscience de soi :
elle insuffle sans doute un contenu opaque
à sapiens.

Accroupi sous un sapin
où il écaille des fruits,
perdu, nu, gelé jusqu'à la moelle.

La montagne, un bercail incertain,
un havre navrant, blanchi soudain
et con
tant qu'il en est vomi

sur les chemins sinueux qui descendent en amont
des rivières, des cours d'eau, bouillonnants
superflus, aux crues gluantes et ternes.

Les odeurs indescriptibles,
les gymkhanas à skis, slaloms mollassons,
un cri fait écho à la forte puanteur,
un hurlement lugubre venu des aubes
des dernier survivants
humains :
tu pues sapiens !

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